ETIENNE LECOMTE

Cette soirée du 21 avril était entièrement dévolue au Vrak’Trio. Un trio du genre aérien en dépit de la présence d’un tuba. Si léger qu’il volette d’un thème à l’autre : Etienne Lecomte pioche dans ses partitions, décide de commencer par tel morceau du second album, enchaîne sur tel autre du premier puis sur un inédit, baguenaude sur une improvisation, change sa traversière contre une flûte basse, s’écarte pour laisser la parole à ses complices. Eux font assaut de fluidité : Oriol Roca rebondit d’une rythmique à l’autre, colore plus qu’il ne percute, dessine des mouvements d’air plus qu’il ne structure, instrumentiste à part égale avec la flûte ou le tuba. Celui-ci, entre les bras de Laurent Guitton - avec ou sans embouchure, additionné ou pas d’accessoires, comme un petit mégaphone ou le jouet que lui lance Oriol Roca, droit dans le pavillon - dément sa réputation d’instrument lourdingue et promène ses basses profondes d’une improvisation volubile à un jeu de ponctuations comiques, d’une douce mélopée orientale à un déferlement urbain délicieusement saugrenu dans la salle d’une ferme aveyronnaise. Les unissons flûte-tuba jouent sur la disparité des timbres et la simultanéité des souffles, la batterie joue des mélodies - pour qui veut bien lui prêter l’oreille. L’assistance est à la fois attentive et détendue, comme les musiciens - l’atmosphère du lieu est tellement hors du temps, hors de l’espace aussi, qu’on dépose à l’entrée ses agacements quotidiens. Le rappel, entièrement improvisé à partir de la sonnerie opportune d’un téléphone portable dans la salle, est venu couronner en beauté un concert chaleureux et plein de drôlerie. Et pas du tout en vrac. (Diane Gastellu)

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